

Liège-Bastogne-Liège: Evenepoel, l'intrépide
Tout semble glisser sur lui: encore gravement accidenté cet hiver, Remco Evenepoel réussit un retour tonitruant pour postuler, sans peur ni reproche, à un troisième succès sur Liège-Bastogne-Liège dimanche.
Presque comme si de rien n'était. Chutes, coups du sort, virus ou portières brutalement ouvertes, rien ne semble pouvoir troubler le Flamand qui, à 25 ans, a déjà connu son lot de malheurs.
Dès 2020, il a failli perdre la vie lors d'une chute effrayante dans le col de Sornano sur le Tour de Lombardie. L'année dernière, il est encore passé deux fois sur le billard, en avril après un énorme crash au Tour du Pays basque et en décembre après avoir pris de plein fouet la portière d'un véhicule de la Poste belge, avec de nouvelles fractures à la clé.
Une telle succession de gadins a mis fin à bien des carrières en affectant le mental des coureurs amenés à freiner plus souvent, plus tôt.
Mais pas Evenepoel. Interrogé par l'AFP lors d'une conférence de presse vendredi à Chaudfontaine, à deux jours de la Doyenne, il marque un temps de réflexion avant de répondre: "Je n'y jamais pensé en fait. Quand ton corps est guéri, il n'y a aucune raison de regarder en arrière. Pour certains, c'est sans doute plus difficile. Mais c'est comme ça que je vois les choses."
- "Surpris quand même" de sa forme -
Preuve à l'appui: à l'Amstel Gold Race dimanche dernier, pour ce qui était seulement sa deuxième course de l'année, il est encore allé au tapis, violemment, dans une chute collective.
"Dans l'équipe, tout le monde m'a demandé: Tu n'as pas eu peur ? Ca allait ? Et moi: ben oui, c'est la course, ça arrive", raconte l'intrépide.
Ce qui impressionne aussi chez le double champion olympique, c'est qu'il revient à chaque fois très rapidement au top de sa forme ou presque.
"Là je suis quand même agréablement surpris. Je ne m'attendais pas à être aussi bien après seulement deux mois d'entraînement", explique Evenepoel qui a remporté sa course de reprise il y a dix jours à la Flèche Brabançonne, avant de prendre la troisième place à l'Amstel Gold Race.
Mercredi à la Flèche Wallonne, il était même "encore mieux", mais il a fait "la connerie de rouler 70 km sans veste de pluie sous le déluge". Résultat: un coup de froid dans la montée finale du mur de Huy où il a fini neuvième.
Après une "bonne douche chaude", c'était réglé, et le voilà prêt pour tenter de gagner un troisième Liège-Bastogne-Liège, sa "course préférée".
"Tout le monde s'attend à un duel avec Pogacar mais c'était aussi le cas avant l'Amstel et au final c'est un troisième (Mattias Skjelmose) qui l'a emporté. Ce qui compte c'est de gagner, peu importe l'adversaire", insiste-t-il.
- Dans la Redoute avec Philippe Gilbert -
Il sait que la course des favoris risque une nouvelle fois de s'ouvrir dans la redoutable côte de la Redoute, à 34 km de l'arrivée, qu'il a repérée vendredi avec un ancien maître des lieux, Philippe Gilbert.
"Je l'ai invité à se joindre à nous, c'est un grand champion, toujours positif, toujours souriant. En plus, il portait le même maillot dans le temps", celui de l'équipe Soudal Quick-Step, dit le Belge.
"La Redoute c'est quatre minutes à fond et c'est tellement raide qu'on peut y faire de grosses différences. Si on n'est pas bien, ces quatre minutes se transforment en heures."
Après Liège dimanche, et pendant que Pogacar va prendre du repos, Evenepoel enchaînera dès mardi avec le Tour de Romandie, avant le Dauphiné et le Tour de France.
"Mon come-back se passe mieux que l'an dernier au Dauphiné où j'avais certes gagné le chrono, mais pas eu de bonnes sensations. Si je continue comme ça, je devrais aborder le Tour dans de meilleures dispositions, mais c'est encore loin."
Il est surtout impatient de "courir dimanche à domicile l'une des courses qui est la plus faite pour [lui]" et prévient: "Je suis hyper motivé."
O.Vogel--BP